Ute von Ebert, dernière héritière d’un colossal empire industriel, habite Erlingen, ville allemande mythique assiégée par un ennemi invisible. La population attend d’être évacuée par un train qui n’arrive pas. Réalité ou fantasme d’une enseignante rescapée d’un attentat comme le découvre sa fille ?
Boualem Sansal, auteur de 2084 : La fin d’un monde (NB novembre 2015), n’a pas fini de régler ses comptes avec les tenants d’un islamisme « qui attaque l’humanité dans son code génétique ». Pour lui, l’histoire et les invasions se renouvellent sans cesse. Par un procédé original, appelant aussi à la rescousse Kafka, Buzzati, Thoreau et l’univers fantasmagorique né du cerveau dérangé de son héroïne, il dénonce pêle-mêle un Dieu qui se métamorphoserait au gré des exigences de l’époque, la myopie moderne devant un envahisseur invisible. Prenant pour exemple l’extermination progressive des Indiens par les immigrés en Amérique, il s’interroge sur les flots de migrants et la place laissée aux autochtones. Déplorant le naufrage des piliers porteurs d’une civilisation, il décrit finement le désarroi, le fatalisme et l’immobilisme qui règnent aujourd’hui dans la société française et voit dans les « Cités » des forteresses assiégeantes à l’image d’un Erlingen inversé. Un livre fort mais difficile et déroutant. (J.M. et M.-N.P.)