Lilka et Jascha, un écrivain renommé, quittent Londres pour Varsovie quarante ans après avoir fui le ghetto. À l’époque, lui était un important trafiquant, elle, une élève infirmière. Réaliste il sait ce qui les attend en Pologne, mais finit par céder au désir impérieux de sa femme. Les déceptions commencent dès le voyage en train : pas de chauffage, repas plus que médiocres, puis à l’hôtel, ancien palace, dépourvu désormais du moindre confort. Ils évoquent le ghetto, se confient, se querellent ; se perdent dans Varsovie : rues, quartiers, bâtiments, tout a changé. Sortiront-ils indemnes ? C’est le deuxième roman de Gwen Edelman (Le dernier refuge avant la nuit, NB mars 2002). Souvenirs et présent alternent ou se chevauchent, même, à l’intérieur des paragraphes, dont la construction parfois inattendue peut dérouter. L’auteur décrit l’état d’esprit, totalement différent, des deux personnages qu’elle met en scène dans des univers clos et oppressants – la description du ghetto est particulièrement réaliste – et souligne ce qui les réunit, le déracinement et l’exil : ils ne sont chez eux nulle part, aucun pays n’est vraiment le leur. Un thème peu original mais traité avec sensibilité. (B.D. et J.C.-N.)
Le train pour Varsovie
EDELMAN Gwen