Le Verger de mon aimée.

BRYCE-ECHENIQUE Alfredo

Figée dans ses traditions, Lima en 1950 est régentée par une bonne société de nantis qui soumet les Indiens à ses caprices. Pourvus de titres et d’argent, Carlitos, dix-sept ans, et Natalia, trente-trois ans, divorcée, vivent une belle et durable passion générant un inadmissible désordre social les contraignant à un double exil : celui, délicieux, au « Verger de mon aimée » chez Natalia, puis à Paris où Carlitos devient médecin et chercheur reconnu… et retourne à un conformisme attendu.  Le romancier, avec son extraordinaire talent de conteur (Guide de Paris, NB octobre 2003), fait virevolter ses personnages dans un monde insouciant, décadent, qui va s’engloutir avec eux. Observateur précis, il cisèle des portraits attachants : Carlitos, lumineux personnage, dévot et distancié, rêveur et désinvolte, proie et maître de son excessive et lucide amante. Les phrases longues, où les mots se bousculent en une broderie surréaliste, où l’exubérance des images sert la théâtralité des situations, emmènent le lecteur dans une épopée baroque débordante d’humour et de tendresse. Remarquable roman brillant, bien construit, tonique et “latinissime”.