Le vieux saltimbanque, le grand écrivain américain (Péchés capitaux, NB octobre 2015), est mort en mars 2016. Auparavant, il voulait écrire ses mémoires, « sous la forme d’une novella, pour échapper à l’illusion de réalité propre à l’autobiographie ». Malgré cette précaution (encouragée par sa femme et ses filles !), malgré l’emploi de la troisième personne, son récit, libre, savoureux, éclate d’authenticité. À quatorze ans, il lit Keats, devient poète, jusqu’à sa mort, attelé au combat avec les mots. Il est publié, s’essaye au roman, enseigne à l’université, explore le sexe et la boisson, aime sa famille, voyage, goûte aux cuisines du monde et aux vins français, gagne des fortunes à Hollywood, prêtées ou dilapidées, s’installe dans une ferme et, dans un alcoolisme récurrent, déprime, refait surface et tire mille satisfactions d’une énorme truie et de ses porcelets. Sa mémoire vagabonde avec une spontanéité factice, du quotidien à la métaphysique. Le lecteur s’enchante de tant de généreuse humanité. (M.W. et Maje)
Le vieux saltimbanque
HARRISON Jim