De l’invraisemblable maison du conseiller Krespel sortit un jour une voix merveilleuse qui enchanta l’auditoire des villageois réunis au bas de la colline pour l’écouter. Seul un violon extraordinaire, fabriqué à Crémone, pouvait s’accorder à son chant. Ce fut la dernière fois que la voix d’Antonia s’exprima car une étrange maladie l’affaiblissait à mesure qu’elle chantait.
Le romantisme des contes fantastiques allemands éclate dans l’interprétation fantasmagorique qu’en donne l’illustrateur par un choix très particulier de graphisme et de couleurs. Les faciès des personnages, marqués, presque laids et agressifs, leurs silhouettes voûtées, accablées par le destin, évoluent dans des pages dominées par des tons sombres, bruns, ocres et gris brièvement temporisés d’un épisode de bleuté électrique. Les traits hachurés qui griffent chaque vignette, les angles de vue écrasants, les premiers plans savamment choisis renforcent l’atmosphère lourde, imprégnée de mystère dès les premières pages. Une adaptation très particulière d’un des Contes d’Hoffmann, qui séduira ou surprendra selon les goûts.