Le voyage de Phoenix

JUNG

Entre les États-Unis et la Corée, plusieurs destins se croisent, sur fond de guerre. C’est d’abord l’histoire de Kim, orphelin coréen adopté par un couple américain pour une trop courte vie jusqu’à cet accident de voiture, où il meurt vers 10 ans. Inconsolable, le père se marginalise, mais renaîtra de ses cendres grâce à sa fille et à l’écriture salvatrice d’un livre pour enfants qui raconte la vie de Kim. S’intercale le récit de l’enfance de la narratrice, qui travaille à l’orphelinat de Séoul. Elle s’interroge sur le passé de son père qu’elle n’a pas connu, puis rencontre un jeune Nord-Coréen qui vient de fuir son pays après avoir vécu dans le terrible camp 14. Plus tard, elle croisera le chemin de son père… Trois parcours de vie, trois « renaissances » : de nombreux chapitres se concluent sur une image de phénix en vol. En filigrane, les grandes phases des relations entre les deux Corée et les États-Unis. Le roman graphique en noir et blanc est bien dans la veine de Jung et de sa patte ultrasensible, avec une construction complexe qui rend vivants et émouvants ces destins croisés dont le relief se dessine dans l’imbrication des récits. Sauf dans les séquences historiques où le trait se fait plus réaliste, les dessins à l’encre, qui semblent parfois jetés sur le papier, renforcent le symbolisme de cette magnifique histoire de résilience. (M.T.)