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Une grande gare : des voyageurs arrivent ou partent, se disent bonjour ou au revoir, sont en retard ou en avance, et s’installent à la terrasse du café en bout de quai. Parmi eux, un voyageur, tellement plongé dans son journal qu’il ne voit pas les oiseaux s’attrouper et picorer dans la corbeille à pain que lui a apportée le serveur. Il sort un stylo pour écrire ou dessiner : les oiseaux reprennent leur manège avec la deuxième corbeille de pain.
Combien de temps Anne Brouillard est-elle restée attablée comme ce voyageur pour faire les croquis d’une gare et capter le va-et-vient des gens et des trains, des oiseaux aussi ? Pendant que le voyageur absorbé ne voit rien, le lecteur, lui, observe tout dans cette succession de tableaux peints avec talent, qui restituent magnifiquement, avec des plans éloignés ou rapprochés, le décor et la vie d’une gare, sans que les mots soient nécessaires. À regarder à tout âge.