Ipolysag est une petite ville d’Europe Centrale, changeant de nationalité, voire de nom au gré des vainqueurs (Hongrois/Slovaques). Son décor champêtre, apparemment idyllique, semble immuable, placé symboliquement sous la protection du vieux palais. Fénix, le petit châtelain, y est né avant la seconde guerre mondiale. Il est confié aux soins exclusifs d’une jeune paysanne qui devient l’initiatrice de jeux érotiques. Cette relation fusionnelle l’aidera à supporter l’indifférence familiale et le spectacle tragique et barbare des affrontements germano-russes.
Pablo Urbanyi (né en Hongrie en 1939) insuffle à ce sombre récit, en partie autobiographique, une inventivité et une poésie indéniables. Il chemine dans les méandres de sa mémoire, évoquant une complicité unique, tendre et innocente qui émerge d’un environnement assimilé à un « zoo » humain. Dans une langue nostalgique imprégnée d’une musicalité slave, parfois satirique, toujours ciselée, il restitue avec talent une époque éternellement douloureuse.