Sur un coup de tête, Sara décide de devenir végétarienne. Mais sa grand-mère, qui habite dans une cabane aménagée au fond de son jardin, lui apprend que les végétaux, autrefois, étaient eux aussi des animaux. Et que, trop paresseux, ils ont fini par prendre racine. À regarder et écouter attentivement aubergine et courgette, Sara finit par s’en convaincre. Elle décide de monter un zoo avec quelques légumes, qu’elle montre à ses amis. Ceux-ci la prennent pour une dingue. Et quand Sara se prend d’affection pour une aubergine qu’elle apporte en classe, cela ne s’arrange pas.
Curieuse histoire! On ne souhaiterait guère qu’un enfant s’identifie trop à l’héroïne sensible de ce roman, même si le respect de la nourriture que l’on mange, bien dans l’air du temps, est très estimable. Sara a une complicité, un attachement fort pour sa grand-mère, et l’on peut comprendre sa passion pour les légumes, initiée par celle-ci, comme une sorte de deuil par anticipation – car l’aïeule, présentée comme faible, marchant avec une canne, finit par mourir. Mais cet entichement, s’il permet une transmission et un renforcement de lien affectif, isole la fillette de ses pairs. La fin rassérénée laisse espérer un retour au monde, plus sûre d’elle. Les illustrations aux couleurs denses et lumineuses contrebalancent par leur vivacité le ton légèrement déprimant du roman.