L’eau qui passe

MAUBERT Franck

Dans sa maison isolée au bord de l’eau, il se souvient de sa jeunesse, chez un couple de paysans auxquels il est arraché à sept ans pour être confié à des grands-parents maternels distants… À l’adolescence, il partage, à Nanterre, un appartement avec une mère sans tendresse et continue de grandir dans un désert affectif, à la recherche d’un père rayé de la mémoire familiale. Une maison de la culture, nichée dans un no man’s land, une bibliothécaire, l’école, l’art, des rencontres vont le libérer d’une vie étriquée.  « On ne rejoue pas une enfance… » En remuant une géologie intime, construite sur un passé pesant, l’homme se met à nu, dévoile ses cicatrices « d’orphelin absolu », raconte comment il s’est composé une nouvelle famille à travers l’art et les artistes. Ici, le style mélancolique, introspectif, et la douceur qui émane de l’écriture, sans pathos, contrastent avec l’absence d’amour maternel, la violence du reniement du père et l’âpreté d’une jeunesse solitaire. Poétique et émouvant, ce récit d’une solitude et d’une douleur pudique, noyées dans l’art et la contemplation, est aussi une leçon de survie. (R.C.G. et M.-N.P.)