En 1721, selon un scénario conçu par le Régent, deux princesses se croisent sur la Bidassoa. L’infante d’Espagne, quatre ans à peine, rayonnante, est destinée à Louis XV ; Mademoiselle de Montpensier, douze ans, renfrognée, à l’infant d’Espagne. La toute petite Anna Maria Victoria, gaie, sûre d’elle, tombe en adoration devant son futur époux, pourtant bien froid et indifférent. Louise Élisabeth, malgré la tendresse manifestée par Luis, perd peu à peu l’esprit, dans un environnement sinistre. En 1725, la donne a changé : les deux cortèges repartent en sens inverse. Toujours attirée par les années d’enfance et le XVIIIe siècle, Chantal Thomas (Le testament d’Olympe, NB novembre 2010) s’est intéressée aux destins parallèles de deux jeunes enfants royales, manipulées comme des pions sur l’échiquier politique. Grâce à une volumineuse correspondance et des documents inédits, elle dépeint avec minutie le bonheur éphémère de l’infante espagnole, sa vie à la cour de France, en apparence brillante et festive. Un contraste saisissant avec la jeune Française qui déraisonne, enfermée dans des palais austères, entre autodafés et galeries de martyrs. Avec brio et talent, l’auteur raconte ces drames intimes, insignifiants au regard de la grande histoire.
L’échange des princesses
THOMAS Chantal