Lorsque sa grand-mère meurt à Moscou dans les années 1970, Nora trouve dans une malle un paquet de lettres envoyées pendant trente ans par son grand-père, Jacob, à sa femme dont il était fou amoureux. Celle-ci était belle, intelligente, passionnée, féministe et socialiste avant l’heure. Accusé de sabotage, Jacob, intellectuel et « bourgeois », sera relégué en Sibérie, renié par son fils. Nora, artiste, scénographe pour le théâtre, mène sa vie de jeune fille bohême aux amours tumultueuses. Elle élève seule son fils, réfléchit beaucoup et décide d’écrire cette histoire de famille…
Ludmila Oulitskaïa (Le chapiteau vert, NB juin 2014) visite tout le XXe siècle en Russie grâce à l’alternance des deux histoires : celle de son grand-père qui débute avant la guerre de 14 jusqu’en 1954 et la sienne qui se poursuit jusqu’à nos jours. Les extraits de lettres et dossiers sont authentiques, le personnage de Nora ressemble beaucoup à l’auteure. Écrit avec un réel souffle romanesque, de nombreux rebondissements et péripéties, ce texte, outre la peinture d’une époque plus ou moins révolue et d’un pays tourmenté, se penche sur le sens de l’existence, l’intérêt de la Création : l’échelle de Jacob ? Passionnant, bien construit et bien écrit. (V.A. et M.-N.P.)