L’écho des morts

THEORIN Johan

Sur l’île d’Öland, balayée par les vents glacés de la mer Baltique, se dressent deux phares jumeaux et, face à eux, l’ancienne bâtisse des hommes qui en étaient responsables et vivaient là avec leur famille. D’un bout à l’autre de la maison, les planchers craquent, les chambranles gémissent, les morts chuchotent leurs secrets dans les murs. Sur l’île, légendes et rumeurs vont bon train mais ne paraissent pas trop impressionner Joakim et Katrine, fille et petite-fille d’artistes, qui ont quitté Stockholm pour s’installer définitivement à Öland avec leurs enfants, Livia, six ans, et Gabriel, deux ans. Pour le couple, une nouvelle vie commence, pleine de projets, dans cette belle demeure ancienne qu’ils restaurent de leurs mains. Après l’euphorie de premiers mois ensoleillés, vient l’automne et ses brumes, des cambrioleurs sévissent aux alentours, Katrine se noie. Accident, suicide ? Joakim, fou de douleur, ne se résout pas à l’accepter… 

Impossible de lâcher ce livre à l’écriture sobre tant l’intrigue, mêlant les drames du passé à ceux du présent, est bien menée. Roman d’ambiance – comme le sont souvent les « polars venus du froid » –, il est nimbé d’une étrangeté très particulière où l’inconscient et le surnaturel tiennent une place importante. Non, il ne s’agit pas d’une simple énigme à résoudre, loin de là… Très vite l’on se prend à vivre avec les membres de cette famille et leur entourage, à l’unisson de leurs peurs, de leur chagrin, de leur désarroi. Quant au personnage principal, c’est sans conteste la nature scandinave, forte, sauvage, imprévisible : elle fascine, remue les âmes, violente les corps, fait chavirer les esprits. Quelle maîtrise dans ces descriptions à couper le souffle des éléments déchaînés ! 

Alors, même si le roman policier n’est pas votre tasse de thé (même relevé d’un soupçon d’aquavit ?) sachez que celui-ci pourrait tout aussi bien être classé en « littérature étrangère ». Johan Theorin, un talent et un auteur à découvrir, un nom à retenir absolument !