Manuel Rivas, Galicien de la Corogne, consacre un livre impressionnant aux exactions commises par les phalangistes dans cette ville pendant la guerre civile. Parmi elles, il accorde une place dominante à l’autodafé des livres confisqués aux intellectuels assassinés ou exilés. Un bibliophile s’est constitué une collection inestimable en soudoyant les incendiaires incultes chargés de cette tâche. L’auteur met en scène d’innombrables protagonistes, fictifs ou historiques, victimes ou coupables, notables ou modestes, encore marqués par les événements trente ans après. Le Crayon du Charpentier (NB octobre 2000) relatait aussi les horreurs de la répression franquiste. Malgré l’indiscutable qualité de l’écriture et la finesse des analyses, la lecture du roman – succession de nouvelles sans chute – est ardue : un fil conducteur brouillé, pas d’unité de temps, une série de coups de projecteur sur les acteurs et sur les faits. Le résultat est un tableau touffu, saisissant, tragique et picaresque des années Franco.
L’éclat dans l’abîme : mémoires d’un autodafé
RIVAS Manuel