L’écluse

PELAEZ Philippe, GILLES Aaris

Il est des eaux moins paisibles qu’elles en ont l’air. Trois noyées en moins d’un an…

C’est beaucoup pour la petite écluse dont s’occupe Octave. Dans le village, les rumeurs vont bon train et le jeune éclusier un peu attardé au visage déformé a tout du suspect idéal. L’émoi est tel que deux policiers de la ville viennent enquêter pour tirer cette affaire au clair, mais aussi pour faire face à la fureur des habitants bien décidés à rendre la justice eux-mêmes. Les eaux de la rivière sont paresseuses, mais dans ses méandres, la cruauté et la méchanceté ne sont jamais très loin.

Voici un polar en one-shot assez classique au scénario plutôt convenu, où le suspect principal – l’autre, le différent – fait office de bouc émissaire et doit faire face à l’(in)justice des hommes. Le dessin est séduisant et nous plonge avec plaisir dans le Sud de la France (l’histoire se passe dans le Lot). 

En revanche, il y a quelques facilités – voire incohérences – scénaristiques : l’impunité du caïd du village n’est pas très crédible et la (sur)réaction des habitants du village prêt à lyncher le simplet bossu sur la base de pas grand-chose est un peu trop rapide. 

L’Ecluse nous plonge dans des eaux troubles, par la noirceur de certains de ses personnages et par le flou qui entoure la fin. En effet, la conclusion donne quelques éléments d’explication sur certains meurtres mais ne semble pas lever le voile de l’ensemble, et l’on reste sur sa faim. C’est peut-être volontaire, mais un peu frustrant.

(MC-MT)