Une bourgade voit arriver un écrivain parisien pour une « résidence » de quelques semaines. À l’instigation du libraire local, il est nourri, logé, blanchi (à l’hôtel du coin) en échange de prestations littéraires. Aussitôt baptisé « l’écrivain national », il sent, derrière les sourires de façade, qu’il y a du drame dans l’air. Le journal relate une disparition et d’emblée la photo de Dora, compagne du principal suspect, fascine le nouvel arrivant qui devient vite l’amant de la belle. Les braves gens se mettent à jaser et voilà la tension qui monte, qui monte… Serge Joncour (Que la paix soit avec vous, NB novembre 2006), en romancier aguerri, mène cette histoire tambour battant tout en prenant le temps d’accumuler les détails pour faire naître par touches habiles et elliptiques une ambiance un peu glauque, un peu fruste, un peu trouble et inquiétante ; bref, un univers à la Chabrol où la nature (pluie, boue, forêt profonde) joue sa partie. Des êtres aussi différents que possible, ruraux madrés, édiles flagorneurs, bandes de ripoux et idiot du village font face à l’intellectuel parisien qui n’en peut mais… Cet engrenage retors, sur un ton vachard et amusé, donne un méli-mélodrame plutôt réussi !
L’écrivain national
JONCOUR Serge