Louis, riche héritier, à la tête d’une grande entreprise a le cœur fragmenté par une histoire d’amour inachevée et l’esprit en proie à un cauchemar récurrent qui ne lui appartient pas. Alors qu’il effectue son footing quotidien il se trouve soudainement pris en chasse par un mystérieux motard tout de noir vêtu qui semble vouloir attenter à sa vie. S’en suit une course poursuite haletante entre deux protagonistes dans une futaie dense comme les liens invisibles de leur passé et de leur futur.
Effet miroir ou coïncidence, Makyo, l’auteur de la ballade au bout du Monde, projette, comme dans son premier bestseller, son héros dans une situation incompréhensible au milieu d’une forêt automnale, sans repères, au feuillage pourpre comme l’enfer. Pendant tout le récit le lecteur est plongé lui aussi dans une situation et des sentiments qui passent de l’absurde à la terreur.
Même si le récit est minimaliste, et les dialogues très épurés, le rythme haletant est magnifiquement servi par la dimension graphique et les couleurs de Laval NG. Ses dessins souvent dichromatiques à l’aquarelle augmentent l’oppression de ce coureur de fond qui s’enfonce dans une sorte de tunnel alors qu’il est poursuivi par un tueur fou. Le joggeur, mais aussi le lecteur, semblent tous les deux pris dans le labyrinthe d’une forêt dont le ciel obscur ne semble offrir aucune issue. Une très belle réussite graphique malgré un léger bémol pour le scénario qui peut paraître simpliste mais qui tient en haleine le lecteur jusqu’à la chute finale.