Palais présidentiel de la IIIe République, l’Élysée est évacué en catastrophe le 10 juin 1940 par Albert Lebrun. Il ne retrouve son rôle que le 16 janvier 1947 avec Vincent Auriol, mais l’entre-deux ne fut pas un vide absolu. S’y succèdent – présences permanentes ou passagères – personnel, troupes allemandes, prisonniers français, équipes d’entretien ou de réaménagement, Darlan et son cabinet, gardes républicains. L’Élysée reste un lointain objectif au coeur des rivalités politiques et des complots qui marquent la France d’alors où il était le symbole du pouvoir légitime.
Fin connaisseur des lieux (cf. Le Roman de l’Élysée, NB avril 2007), François d’Orcival compare avec minutie l’évolution d’une période dramatique et le calme poussiéreux d’un édifice désaffecté. Il met en valeur l’attachement national à un lieu et au symbole qu’il représente pour toutes les idéologies qui se sont combattues férocement et pour les ambitions personnelles de leurs partisans. L’ouvrage, très documenté, d’une précision nécessitant des connaissances approfondies, est instructif en ce qu’il fouille un monde ignoré dont la survie n’est pas neutre au regard de l’Histoire.