Vers 1850, un paysan qui semble venu de nulle part avec ses trois fils prend possession de terres difficiles à cultiver sur les pentes du Mont Liban. Pour préserver du partage les richesses qu’ils ont accumulées, il impose que seul l’aîné de chaque génération en hérite. Les cadets ont interdiction de fonder une famille. Plus tard, la descendance de celui qu’on surnomme l’Empereur quitte les montagnes pour faire fortune dans le commerce à Beyrouth. Sur cinq générations, l’injonction terrible de l’ancêtre fondateur continue de forger le destin des fratries Jbeili.
Charif Majdalani (Villa des femmes, NB septembre 2015) revisite et approfondit quelques-uns des thèmes de ses précédents romans : transmission, empreinte d’un passé clanique sur les individus qui en héritent, histoire troublée de son pays. Ici les cadets écartés par une loi familiale inique mais acceptée, sont attirés les uns après les autres hors des frontières libanaises, en Italie et au Mexique pour l’un, dans les steppes d’Asie centrale pour un autre. Des horizons élargis, à la mesure d’aventuriers habités par l’orgueil et la violence de leurs ancêtres. Les luttes fratricides, les morts violentes jalonnent une épopée familiale entre archaïsme et modernité, sublimée par une écriture d’une grande beauté. (T.R. et L.C.)