Léna

DELOFFRE Virginie

Léna, jeune femme née d’un père russe et d’une mère esquimau est l’épouse du beau et sympathique Vassia, brillant pilote de chasse de l’Armée rouge. Heureuse alors ? Par rapport à la moyenne des femmes des années quatre-vingt, certainement, mais le passé est là, qui ne la lâche pas… Ses parents se sont noyés sous ses yeux en pêchant sur de la glace trop fragile dans le Grand Nord sibérien. La petite Léna a ensuite été recueillie par de lointains parents. Cette tragédie et la nostalgie de sa petite enfance ont fait de ce coeur sensible un bloc d’attente, comme pris dans les glaces sibériennes. Même l’amour de ses parents adoptifs, puis de son mari, peine à la faire revivre. Et pourtant Léna et Vassia s’aiment tout en se cantonnant chacun dans son propre univers, elle dans un monde intérieur, contemplatif, et lui de plus en plus loin, de plus en plus haut, jusqu’à partir dans l’espace, participant avec fierté à l’épopée spatiale soviétique. Tout cela sur fond de Perestroïka, un temps incertain qui désarçonne une grande partie de la population. Fuyant la réalité, chacun à sa façon, le couple parviendra-t-il à se retrouver ?

 

Le livre de Virginie Deloffre, médecin, passionnée par l’URSS, le Grand Nord et surtout l’âme russe, est une immersion par touches très subtiles dans un monde au quotidien difficile où la beauté et l’immensité de la nature et du cosmos rachètent la pauvreté matérielle. Des personnages forts et attachants que l’on découvre au fil de la correspondance de Léna, des destins particuliers, un univers dépaysant, à la fois communautaire et transgénérationnel, font toute l’originalité de ce roman à la plume vigoureuse et poétique. À cela s’ajoute, en abysse, l’historique passionnant de la conquête spatiale, narrée sous forme de feuilleton. Avec cet auteur que l’on prend plaisir à découvrir, voici pour la rentrée une lecture d’une qualité rare où densité, intériorité et délicatesse s’entremêlent avec énormément de talent.