Cette invite au voyage nâest pas prĂ©cisĂ©ment un guide touristique, plutĂŽt un va-et-vient ludique et Ă©rudit entre lâencre du voyageur et lâancre de lâĂ©crivain, une suite dâĂ©vocations, de rĂȘves, de mĂ©ditations autour du monde et du temps. Lâarticulation entre lâĂ©crit et le voyage y est si intime que câest le premier qui fait exister le second. Des accents pittoresques, anthropomorphiques animent les brumes, les voiliers, les vaches ou les villes. Une Ă©criture Ă©lĂ©gante et inventive, une encre quâil souhaite sympathique, colorent les vents, nomadisent les lumiĂšres, convoquent le temps pour mettre lâespace en relief. Gilles Lapouge traque le mystĂšre dans tout paysage, le passĂ© dans la gĂ©ographie, lâinvisible dans le rĂ©el, les agonies et les rĂ©surrections des pays de lâIslande au BrĂ©sil, de la Hollande Ă lâInde mais aussi lâimposture que reprĂ©sentent les fĂ©es, jugĂ©es vulgaires. Dans ce pĂ©riple superbe â bien que parfois un peu bavard et fourre-tout, comme lâĂ©tait Le bois des amoureux (NB aoĂ»t-septembre 2006) â on vagabonde sans boussole, portĂ© par la beautĂ© de lâĂ©criture.
L’Encre du voyageur
LAPOUGE Gilles