Ce gros roman de Marie-Aude Murail paru en 2008 avec des dessins de Philippe Dumas avait été unanimement salué par la critique ; il posait cependant une question épineuse sur l’âge du destinataire : un lectorat adolescent, voire adulte, pour être capable de lire le texte, mais une histoire qui s’adressait aux plus jeunes. C’est donc avec intérêt qu’on découvre cette version en bande dessinée qui pourrait mieux correspondre au public destinataire. Rappelons que le livre raconte la vie romancée de Charity Tiddler, petite fille armée d’une forte personnalité, dans l’Angleterre de la fin du XIXe siècle. Dans cette société victorienne il n’est pas simple, pour une fille, de se faire une place dans le domaine de la science et de l’art.
Cette histoire s’inspire bien sûr de celle de Beatrix Potter, mais n’est pas pour autant sa biographie. Ce premier des trois volumes prévus raconte l’enfance de Charity, de ses 5 ans à ses 15 ans. Anne Montel utilise, tout comme Philippe Dumas dans le roman, l’aquarelle, ce qui donne beaucoup de douceur à ces pages sur de grands fonds blancs. Le découpage est bien celui d’une bande dessinée, mais sans cadres, ce qui permet de varier les formes du dessin, dans lequel les animaux et la nature sont en bonne place, dès la couverture. Le récit est fidèle au roman initial, et c’est une gageure car il n’était pas facile de le réduire. (A.E.)