Une histoire : L’enfant aux pistolets ; un tableau : La liberté guidant le peuple. Le tableau de Delacroix qui fait la couverture de l’album est heureusement présenté aussi en double page, à l’intérieur, accompagné de la fiche technique de son histoire, claire et sobre. Une fiction – texte et images – le précède, dont les péripéties culminent et s’achèvent sur les barricades de la toile. Faire découvrir l’oeuvre en lui inventant un contenu et fonder l’émotion qu’elle suscite sur un récit édifiant : quand la vie d’un enfant des rues croise, en 1830, la Grande Histoire… le procédé, s’il gêne les puristes, peut plaire aux enfants. Mais était-il nécessaire que le jeune narrateur omniscient annonce, avant de mourir, l’entrée en scène de Delacroix puis de Victor Hugo ? Fallait-il que l’allégorie aux seins nus de la toile ressemble à la « dame » d’une médaille religieuse ou à celle qui tente d’apprendre à lire aux gamins qu’elle ramasse dans la rue ? Trop, c’est trop. Le dessin, résolument « d’époque », n’ajoute rien à la crédibilité de cet album aux intentions louables mais décevant.
L’enfant aux pistolets. Delacroix
SÉONNET Michel, PILORGET Bruno