Chassé de Suisse (cf. L’Enfant de l’exil, NB octobre 2008), le couple germano-slovène Kovačič s’est fixé avec ses trois enfants à Ljubljana. Ce deuxième volet de leur itinéraire mouvementé et tragique, raconté par leur fils Bubi, âgé de treize ans, débute en 1941 pour s’achever en 1944. Sur fond d’occupations italienne, puis allemande, et de raids meurtriers commis par les partisans communistes, la famille survit comme elle peut au froid, à la faim et à la misère qui vont croissant alors que la fabrique paternelle périclite.
C’est avec un égal réalisme que Bubi raconte l’école, la famille, les copains, la première expérience sexuelle, les petits boulots, la tentative d’émigration en Allemagne, la mort du père, les prémices d’une vocation d’écrivain. Le récit suit la vie quotidienne de Bubi qui s’exprime en un long monologue sans chapitres : les événements et les commentaires du jeune garçon défilent sur le tempo syncopé d’une succession de phrases inachevées. Ce procédé fatigant pour le lecteur est compensé par la charge émotionnelle et l’étonnante vitalité qui se dégagent de cette jeunesse saccagée et cependant féconde.