Depuis que sa femme lâa quittĂ©, Moul entretient un lien fusionnel avec son chien philosophe Harys. Leur vie se rĂ©sume Ă un quotidien assez ordinaire : Harys pisse sur les journaux de son maĂźtre, lecteur assidu qui passe ainsi le temps en attendant la visite de Lara, sa maĂźtresse catholique syrienne qui ne porte pas de dessous. Ils vont parfois voir la vĂ©tĂ©rinaire et ses patients, sources de satisfaction sexuelle pour lâhomme et son fidĂšle compagnon. Le reste du temps, ils vont sâasseoir dans un jardin public dâAlger et observent les gens.  LâĂ©crivain kabyle Amin Zaoui (Haras de femmes, NB dĂ©cembre 2001) signe un livre bien Ă©trange, aussi dĂ©routant que maĂźtrisĂ©. En paragraphes de taille variable extrĂȘmement factuels, Moul, Harys et Lara prennent alternativement la plume pour dĂ©crire, sans souci de hiĂ©rarchisation, le passĂ©, le prosaĂŻsme des jours, les accouplements, les questions existentielles, les obsessions qui reviennent comme des ritournelles. En arriĂšre-plan, lâislam, Daech et la guerre en Syrie. Certes, câest une lecture qui peut dĂ©router, mais il faut y voir une satire politique pour le moins courageuse, un conte philosophique et un rĂ©cit original qui distille lâambiance somme toute assez tragique dâune « vie de chien ». (D.D. et B.T.)
L’Enfant de l’oeuf
ZAOUI Amin