Au dĂ©but du livre sont reproduites les cinquante-quatre photos choisies par le gĂ©nĂ©ral Stroop , liquidateur du ghetto de Varsovie en mai 1943, pour illustrer les rapports destinĂ©s Ă ses supĂ©rieurs. Celle du petit garçon, sorti manu militari d’un immeuble, les mains en l’air, parmi d’autres civils entourĂ©s de soldats, est devenue mondialement cĂ©lĂšbre. L’auteur commente toutes les photos, dont beaucoup montrent des scĂšnes plus terribles encore, puis s’interroge sur le destin exceptionnel de « l’icĂŽne de la Shoah », utilisĂ©e et rĂ©utilisĂ©e Ă partir des annĂ©es soixante dans des journaux, des films, des affiches, des livres⊠et mĂȘme par des nĂ©gationnistes. AprĂšs avoir longtemps exaltĂ© les combattants et les rĂ©sistants, les mĂ©dias se sont passionnĂ©s – pas toujours Ă bon escient – pour les victimes, particuliĂšrement les enfants.
 Cet ouvrage pertinent et trĂšs documentĂ© traite d’un sujet grave. Il conduit Ă s’interroger plus que jamais sur le rĂŽle souvent ambigu de l’image – recadrĂ©e, brouillĂ©e, travestie, sortie de son contexte ou commentĂ©e de façon parfois perverse. Les notes abondantes renvoient Ă des oeuvres qu’on aimerait pouvoir consulter.