Solitaire, amnésique, l’enfant fuit pieds nus. Il redécouvre le monde, comme le premier homme, en rencontrant les animaux mais ne les nomme pas. Il apprend à les lire, avec humilité, s’imprègne de leur patience, de leur tempo, en alerte quand gronde un prédateur.Les traits de pinceau de Zaü campent toute une « animalité » expressive, l’encre de Chine et les lavis se mêlent avec élégance. Les mouvements sont fermement tracés, les fonds balayés de couleurs neutres.Ici un marabout solennel comme un greffier, là un panda en pleine dégustation de ses bambous favoris. Le kangourou broute, saute ou, assis, semble attendre le visiteur. La tortue crapahute laborieusement sous sa carapace aux couleurs treillis. Comme elle, l’enfant atteint la mer. Ce tour du monde de la savane à la banquise, en passant par l’océan, s’achève à la ferme. L’enfant qui savait lire les animaux emboîte le pas au chat et au chien qui viennent à lui. Un cheval à la main, il a retrouvé les mots et son identité. Un superbe album, impressionnant de maîtrise, à prendre et reprendre, que complète un portfolio (NB décembre 2013). Du grand art !
L’enfant qui savait lire les animaux
SERRES Alain, ZAÜ