L’enfer

BADOUT Nicolas, CLOUZOT Georges-Henri

Le chef-d’œuvre cinématographique inachevé de H.-G. Clouzot renaît en roman graphique !

1962, Marcel et Odette, heureux jeunes mariés, prennent la gérance d’un hôtel situé dans le Cantal, au pied du viaduc de Garabit qui surplombe en majesté le lac de Grandval. Ils sont amoureux, débordants d’envies, de vie et d’espoir : l’avenir leur appartient ! Dans ce cadre naturel exceptionnel, les mois et les années passent, l’hôtel a désormais ses habitués, la vie s’écoule doucement entre farniente, apéros, parties de cartes et ski nautique sur le lac… T

out va pour le mieux, si ce n’est que Marcel ne supporte plus le fracas infernal du train qui, plusieurs fois par jour, emprunte le viaduc : blablam, blablam… Marcel dort mal, puis ne dort plus. Le manque de sommeil lui procure des hallucinations puissantes, il entend une voix insistante, qui lui répète qu’il devrait mieux surveiller la jolie et avenante Odette, qu’elle lui ment effrontément, qu’elle le trompe sans vergogne, là, sous ses yeux. Ne voit-il donc rien ?! Oui, il en est sûr désormais, elle le trompe. Mais avec qui ? Et où ? Et quand et comment ?…

Ce qui n’était qu’un doute se transforme en paranoïa aiguë, qui fait place à son tour à la folie. Marcel harcèle Odette, la questionne sans relâche, la suit, l’espionne, la supplie « d’avouer », l’assure qu’il « saura pardonner »… À bout de nerfs, il l’enferme et…

Ce récit implacable, dur et sombre, nous plonge dans le mécanisme inexorable de la jalousie. L’usage ponctuel de la couleur nous saute au visage et nous met face à cette folie. Ces cases colorisées sont ainsi une belle trouvaille graphique au cœur de ce roman en noir et blanc : elles sont paradoxalement plus sombres que le reste de la BD car elles nous plongent au cœur des pensées les plus malsaines de Marcel.

MC