Long chant funèbre en cinq cent cinquante-cinq fragments – sentences ? aphorismes ? pensées ? – pour déplorer la décadence et l’agonie du roman franco-européen : nous sommes entrés dans une ère post-littéraire. Des post-écrivains n’utilisent plus qu’une langue post-historique ! L’anglais est la non-langue qui a envahi tout le champ syntaxique, transformant le roman contemporain, au mieux en scénario, au pire en « mixte de roman policier, de gnose sociologique et de psychologisme de magazine féminin ». Même si, en avant-propos, il se défend de toute intention polémique ou de haine à l’égard du roman, Richard Millet se laisse déborder par son désespoir et ressasse à satiété ses griefs contre notre époque, la production éditoriale et la perte des valeurs spirituelles… Il avait déjà exprimé tous ces sentiments dans plusieurs livres… Portant très haut l’idéal littéraire, il laisse sa hargne enfler à mesure qu’il s’exprime, désamorçant l’intérêt que son propos pourrait susciter. Et de là, l’accablement de voir l’auteur de Dévorations (NB octobre 2006) enfermé dans ses ruminations monomaniaques…
L’enfer du roman : réflexions sur la postlittérature
MILLET Richard