Maruo est, au Japon, le maitre du genre « érotico-grotesque » . En voici quatre exemples : des nouvelles très différentes les unes des autres. Elles se caractérisent par des ambiances dramatiques dans lesquelles s’entremêlent les instincts les plus triviaux, une fantaisie pleine de non-sens, quelques références à la peinture occidentale, un sens achevé du récit soutenu par un dessin précis, poétique et inventif. Ce sont d’abord le frère et la soeur, jeunes naufragés sur une île, qui sont comme au paradis, jusqu’au jour où la croissance de leurs corps les déstabilise, les conduit à une impasse sans qu’ils sachent pourquoi. C’est ensuite l’histoire du curé d’une paroisse sans ouailles qui découvre, au dehors, la réalité du monde : l’humiliation, la violence, le sexe, le cauchemar. La troisième suit le masseur aveugle, aisé, qui se paye de belles femmes. Mais où est son magot que le voisin aimerait bien subtiliser ? La dernière relate l’enfance puis l’adolescence de la gamine qui sera initiée à la prostitution pour pouvoir subvenir à ses besoins et ceux de son frère handicapé. Quatre récits réalistes et pessimistes où la délicatesse peut côtoyer l’horreur la plus grande.
L’enfer en bouteille

MARUO Suehiro