Sabine démissionne pour se consacrer à la poésie à plein temps. Lors de son pot de départ, elle s’attend à recevoir la classique plante verte. Surprise ! Ses collègues lui offrent une sex doll. Elle est décontenancée. Que faire de cette poupée encombrante et vulgaire ? Celle-ci ne passe pas inaperçue, suscite moqueries ou désir, exacerbe l’agressivité de son entourage, notamment de son mari Hans. La poupée, immobile et muette, va pourtant jouer un rôle de plus en plus grand dans sa vie en miettes. Elle devient la confidente de Sabine tandis qu’autour d’elle tout se défait. Émilie de Turckheim brosse avec talent le portrait d’une femme à la dérive. Sabine étouffe entre une mère envahissante et maladroite, un mari, homme de théâtre tyrannique, une soeur « parfaite ». La poupée, objet dérangeant, devient pour elle un dérivatif, grâce auquel elle peut enfin s’exprimer. Dialogues de théâtres, messages de la mère sur répondeur, monologues de Sabine, bribes de conversations composent un récit fragmenté, à l’image de l’esprit de l’héroïne, sombrant dans la folie. L’absurdité des situations rend ce récit cocasse tandis que la violence sous-jacente qui finit par exploser instille un certain malaise. Un roman original, à la fois drôle et sombre. (F.E. et R.F.)
L’enlèvement des Sabines
TURCKHEIM Émilie de