1807 : Napoléon a envahi la Prusse et cela complique singulièrement la tâche du procureur Hanno Stiffeniis qui doit mener une enquête sur le massacre de trois jeunes enfants et de leur mère dans une chaumière isolée. Or un criminologue de l’armée française d’occupation, le colonel Lavredine s’y intéresse aussi. Le philosophe Kant, pour lequel Hanno se passionne, va peu à peu envahir son univers et le conduire à des découvertes déconcertantes. Curieusement, l’épouse du procureur, distante et pourtant omniprésente, est mêlée, non sans ambiguïté, aux multiples pistes de l’affaire.
L’enquête n’est que le prétexte d’une plongée dans l’univers trouble de la mentalité criminelle, sur une base historique solide et convaincante. Une sensualité diffuse et troublante parcourt le roman sur fond de dissections et d’épouvante. L’épouse du magistrat, déconcertante, le colonel français, charmeur et ironique, le procureur, collaborateur contraint mais lucide, personnage complexe et inquiet, sont peints avec beaucoup de talent. Sur un sujet original, l’auteur (Critique de la raison criminelle, NB juillet 2008, où apparaissait déjà Hanno Stiffeniis) construit une oeuvre intelligente, fouillée et que l’on suit jusqu’au bout – tout en restant perplexe.