L’Albanie durant les années noires sous la férule du “Guide”. La famille de Linda, suspecte, est assignée à résidence. La jeune fille ne peut donc se rendre dans la capitale où elle rêve de rencontrer son idole, un célèbre dramaturge, qui bénéficie d’une certaine bienveillance du Parti pour ses pièces. Ce dernier fait cependant l’objet d’une enquête pour une dédicace faite à la jeune fille par le biais d’une amie qui va sceller le sort des deux personnages.
Ce roman présente plusieurs facettes : une évocation réaliste du régime albanais, la répression subie par les intellectuels, la chimère d’une jeune fille exaltée. Kadaré s’inspire du mythe d’Orphée, Linda incarnant Eurydice retenue aux Enfers que le poète cherche à ramener à la lumière. Hélas, l’enfer totalitaire est mortifère. Entre mythe et réalité, son allégorie qui tourne à l’obsession est bien obscure et son discours difficile à suivre offre les mêmes pertes de repères que L’Accident (NB novembre 2008). On appréciera cependant l’écriture et la culture de ce grand écrivain.