Épiphanie, huit ans et demi, est suivie depuis sa naissance par sa peur, monstre noir qui a pris la place de son ombre et ne la quitte jamais. La fillette rêve de s’en débarrasser. À la recherche d’un psychiatre, elle s’égare dans la forêt où un homme qui a perdu son sérieux et le sens de la gravité (au sens physique!) l’aide à trouver le cabinet du médecin. Celui-ci l’envoie chez un coiffeur afin de domestiquer ses cheveux qui se dressent sur la tête – peine perdue. Épiphanie croise ensuite un chevalier sans peur et sans reproche, qu’elle va contaminer…
La BD explore un univers étrange, dans la lignée d’un Alice au pays des merveilles, aux créatures faussement inquiétantes, aux logiques prenant les expressions au pied de la lettre. C’est un voyage d’apprentissage semé de rencontres au pays de la peur à la fin duquel l’héroïne, pâle et fragile jusque là, dominera son monstre pour sauver ses amis. Ce parcours plus onirique et métaphorique que psychologique est illustré dans un beau graphisme fin, soigné et détaillé, qui cultive le bizarre sans effrayer -la peur elle-même a l’air aussi craintive et perdue que sa « maîtresse », dans des teintes froides qui renforcent l’atmosphère. (M.D.)