À Hambourg, Nadège, belle, inculte, vaniteuse, est la vedette d’une chaîne de téléréalité dans une émission ayant pour cadre un foyer de réfugiés, intitulée « Ange dans la misère ». Pour monter davantage dans l’Audimat, elle accepte de couvrir l’actualité dans un immense camp de réfugiés en Afrique, entourée de journalistes et d’assistants dévoués à son confort. Peu à peu elle prend part à la vie du camp et tombe dans les bras de Lionel, petit passeur local. Il la convainc d’utiliser sa renommée médiatique et de conduire une colonne de 150.000 migrants à destination de l’Allemagne… Dans ce second roman traduit en France, l’auteur (Il est de retour, NB juillet-août 2014), après une satire en règle des médias, de l’utilisation de l’émotivité d’un public naïf, épingle les acteurs de l’humanitaire. Chacun cherche à « empocher une part du gâteau migratoire ». La presse people décrit de façon simpliste la logistique détaillée accompagnant cette folle entreprise. Les politiciens superficiels, jusqu’à la caricature, balancent entre hésitation, ambition personnelle et cynisme. La progression irréaliste de la colonne à travers de multiples frontières s’achève en apocalypse. Les situations abracadabrantes, l’humour forcé, quelques grossièretés donnent un ton inapproprié à un sujet grave et douloureux. (J.D. et M.S.-A.)
Les affamés et les rasasiés
VERMES Timur