Les cours d’amour médiévales sont au programme de khâgne, au lycée de Moulins. Johann, enseignant, la cinquantaine, en est le spécialiste enthousiaste. Dès le premier cours, Aurore incarne pour lui l’image parfaite de la Dame. Ils décident de parcourir ensemble le chemin des trente et un codes prescrits aux amoureux courtois. Mariage, extases sensuelles, adultères, indifférence, accidents, sommets érotiques se succèdent. À Nuremberg, ils participent clandestinement aux rites secrets et aux orgies sexuelles qui célèbrent en costumes d’époque les trouvères d’autrefois. Dès lors, ils s’enfoncent dans le passé, le présent s’embrume jusqu’à disparaître pour se manifester à nouveau, brutalement. Noblesse des origines, fortune des protagonistes, déguisements et capes sombres, souterrains secrets, épée « d’un chevalier des croisades », coffre de pièces d’or, château perdu dans les brouillards : ces éléments conventionnels surprennent sous la plume d’un écrivain septuagénaire, épris de culture et de romantisme allemands, historien de l’antiquité romaine (Les Gaulois et les Romains, NB juillet 2004). L’analyse des sentiments se résume aux seules variantes et variables du désir. Quelques textes anciens, la recherche du style habillent ces fantasmes qui ne s ‘élèvent au-dessus de la « vulgarité moderne » que pour mieux parler de sexe.
Les amants
SCHMIDT Joël