Les amazones de Bassaïev (Amère Russie ; 1)

DUCOUDRAY Aurélien, ANLOR

Vivant seule, loin de son mari ivrogne, Ekatérina subsiste en vendant des DVD dans le métro, en compagnie de son chien humoriste. Pourtant, sa seule préoccupation est celle du sort de son fils Volodia, parti combattre sur le front Tchétchène. Elle fait régulièrement le siège de la caserne voisine pour tenter d’avoir des nouvelles. Un jour, elle trouve son nom sur une liste de prisonniers publiée par Ivan Pavlov journaliste et tenancier de sex show. L’homme n’a guère d’information à donner, juste un indice : un chef tchétchène, Bassaïev, offre de libérer les prisonniers si leur mère vient les chercher… Du coup, voilà la Babouchka en route pour les zones de combats. Un long voyage semé d’embuches où elle sera dépouillée de son sac et initiée aux réalités d’une guerre sale. Démunie et transie, elle parvient à passer les lignes pour échouer dans un village au moment d’une attaque des russes. Un jeune Volodia lui raconte le cruel traitement que ces derniers ont réservé à son père. Il va la conduire jusqu’au chef rebelle qui n’est autre que son propre grand-père. La rencontre sera orageuse, mais il faudra attendre le volume suivant pour savoir si elle aura été fructueuse.

 

Pour nous raconter la guerre de Tchétchénie, Ducoudray imagine une petite vieille et son chien fantasque quittant la misère de sa ville et parcourant les steppes gelées pour découvrir l’horrible réalité d’un pays où tout n’est que destruction, violence, faim, froid et mort. Même des femmes sont enrôlées comme snipers. Elles sont surnommées les amazones. Cet enfer est évoqué par la plume délicate d’Anlor qui souligne avec précision la terrible condition des populations et l’intensité de la haine entre les deux pays. Jouant sur les contrastes, l’image peut tour à tour montrer les beaux visages des guerrières dans leur froide détermination, ou des scènes d’exactions pleines de haine. Ponctuées par les expressions changeantes et pointues de la mère courage, les pages sont remplies de beaux décors désolés ou de scènes de bataille. Pourtant, les atrocités sont atténuées par les rendus pleins d’humanité des douces caricatures des héroïnes. Le lecteur a hâte de les retrouver bientôt. L’ouvrage s’achève par quelques pages d’information, brillamment illustrées.