La biographie inspire Daniel Kehlmann. Après celle d’un peintre, élève de Matisse et ami de Picasso (Moi et Kaminski, N.B. juin 2004), il raconte le double cursus de savants célèbres, nés à la fin du XVIIIe siècle : le professeur Gauss, “prince des Mathématiques”, physicien et astronome, et le naturaliste explorateur, Alexander von Humboldt. Histoire de donner le ton général, il présente d’abord ses héros, blanchis sous le harnois, bataillant devant l’objectif de Daguerre au Congrès allemand des naturalistes, à Berlin en septembre 1828, avant de remonter, toujours pince-sans-rire, à leur enfance, leur formation, leurs réalisations… Dans une suite de tableaux où s’additionnent des petits faits concrets, il suit alternativement chacun de ses personnages. Mesurant tout et partout, à l’aide du baromètre et du sextant, ceux-ci rêvent de percer les secrets de la terre. Toujours imagée, la prose détaille manies et ridicules de personnes sûres de leur excellence et les plonge, avec une légèreté ironique et savoureuse, au sein de romanesques aventures. Un peu longuet, ce récit ne manque pas de charme.
Les Arpenteurs du monde
KEHLMANN Daniel