En Afrique subsaharienne, Epa, adolescent en fuite, raconte son histoire à Ayané, jeune fille originaire du même village que lui mais qui vécut en Europe. Il dit ses espoirs de changement, son enrôlement dans une armée rebelle aux pratiques criminelles, sa fuite. Il évoque aussi l’apparition en rêve de son jeune frère massacré, qui lui demande de délivrer les enfants entraînés de force dans la guerre civile.
Après L’intérieur de la nuit et Contours du jour qui vient (NB octobre 2006), ce dernier tome du triptyque consacré par Léonora Miano à l’Afrique est ponctué par le choeur des âmes errantes, les victimes de la traite décédés en mer, fantômes oubliés privés de sépulture qui, selon l’auteur, hantent et pervertissent l’esprit africain. Le récit, tour à tour symbolique et réaliste, se déroule dans un lieu fictif, emblématique de tous ces pays souffrant de corruption, de guerre, d’espoirs toujours trahis. L’« invisible » interviendra afin de permettre la réconciliation entre passé et présent, entre bourreaux et victimes. Une histoire dense et captivante qui analyse les maux africains avec lucidité et propose une solution spirituelle, celle du pardon et non de l’oubli, pour la renaissance de ce continent meurtri.