Holland et Geneva sont les dernières filles d’une fratrie de cinq enfants, à ceci près qu’elles sont nées toutes deux après le décès des trois aînés – les « autres Shepard » – dans un accident de voiture. Leurs parents semblent vivre dans le souvenir de leur première famille idéale, et elles sont livrées à elles-mêmes. Geneva est atteinte de troubles obsessionnels du comportement, et son aînée veille sans cesse sur elle. Un jour elles découvrent chez eux une femme inconnue, venue réaliser un motif mural dans la cuisine pour l’anniversaire de leur maman… Annie les incite peu à peu à transgresser les règles strictes établies par leurs parents.
Le couple parental, profondément atteint par ce grand deuil familial, est plus protecteur que porteur d’affection, et c’est par le biais d’Annie, l’amie imaginaire « invitée » par Geneva, que la famille parviendra à surmonter cette longue épreuve. L’observation attentive d’une enfant perturbée psychiquement, mais qui veut s’assumer, est faite par petites touches suggestives, tandis qu’un coin de ciel bleu éclaire l’horizon d’Holland : la rencontre d’un premier amour. L’écriture subtile sait se faire discrète – beaucoup est dans le « non-écrit » – pour transmettre avec finesse les émotions et les interrogations des personnages. Une excellente traduction.