Ariana, jeune Espagnole récemment séparée d’Axel, son gentil mari norvégien, habite Bruxelles avec ses deux enfants. Intelligente, racée, douée pour les langues et la finance, elle n’a pas de problèmes matériels. Elle a vécu à vingt ans dix jours de passion totale avec un homme de trente ans son aîné. Puis l’homme a disparu pour toujours, la laissant exsangue et suicidaire. Malgré la tendresse d’Axel et des enfants, une vie cossue, un travail sans problèmes, Ariana survit, flottant entre habitudes et devoirs, dans un monde désormais dépeuplé. Champ de ruines dans le coeur, vertige du vide dans la tête l’habitent et la précipitent dans de prégnantes pulsions de néant. Après Chucho (NB février 2009), Grégoire Polet propose une exploration méticuleuse presque tatillonne, une fouille finement attentive de la plaie encore béante d’une perte amoureuse. L’écriture fluctuante est mise au service d’un deuil pathologique, tour à tour envahissant, aliénant, violent ou crucifiant. Pour aller au plus près de l’observation, l’auteur multiplie les comparaisons, juxtapose les adjectifs, entasse les inventaires, allonge parfois démesurément les phrases. Il s’adresse directement aux héros comme pour s’assurer de leur approbation. Un livre sombre, parfois difficile, une analyse profonde des abysses de l’absence.
Les ballons d’hélium
POLET Grégoire