Qu’est-il arrivé à Maryse Condé, conteuse généreuse et sensible (Victoire, les saveurs et les mots, NB juillet 2006) pour que son récit soit si peu crédible ? Délaissant la Caraïbe pour l’Afrique, elle déroule à la manière d’un griot l’histoire abracadabrante de Kassem, cuisinier mi-guadeloupéen, mi-roumain, né à Lille et expatrié dans une République dictatoriale africaine. Dans un fourre-tout prolixe où se côtoient les Twin Towers, le Guide du Routard et des bébés élevés pour nourrir les fauves, Kassem subit la double initiation du Mal et de l’Amour. Le jeune apatride, à la religion opportuniste, se retrouve sous l’empire d’un homme maléfique, charismatique et ambitieux, qui l’initie à l’art de l’embaumement et du crime organisé. Quant à la jeune Aminata, elle le met à l’épreuve de la circoncision et de l’obéissance paternelle.
On cherche, dans ce récit artificiel, la poésie habituelle de la romancière. Si les sentiments ambigus du jeune homme vis-à-vis de son mentor sonnent juste, les paraphrases, les clichés et les invraisemblances sont trop nombreux pour que ce roman soit une réussite.