Les bonnes âmes de Sarah Court

DAVIDSON Craig

Une banlieue pavillonnaire de la petite ville de Sarah Court, près des chutes du Niagara en Ontario, sert de cadre au quotidien d’une poignée de résidents, obligés de cohabiter bon gré mal gré. Leurs enfants peuvent entrer en compétition, notamment dans le domaine sportif, mais l’esprit de clan domine. L’un d’entre eux, casse-cou invétéré, devient cascadeur, l’autre haltérophile, le père de l’un repêche les cadavres recrachés par les chutes, celui de l’autre est chirurgien, en délicatesse avec son hôpital, un autre est artificier, une fille surprend un abandon d’enfant…  Cinq chapitres avec un sujet différent pour chacun composent un récit tortueux, au caractère parfois proche de la fiction pure, presque du fantastique, dont Craig Davidson fait souvent usage (sous le pseudonyme de Nick Cutter : Little Heaven, HdN novembre 2018). Le style frise l’écriture automatique, puis l’auteur se ravise, revient au réalisme, avec un penchant pour la critique sociale, ironique ou cinglante. L’atmosphère pesante et dramatique est allégée par les nombreux épisodes de la vie des jeunes enfants, leur tendresse pour les animaux familiers ou apprivoisés. L’abus des comparaisons, plus ou moins obscures, devient peu à peu lassant. Mais l’auteur sait prendre du recul et propose un roman hors des sentiers battus avec un épilogue énigmatique. (M.Bi. et F.L.)