Hiver 1939, Finlande. Un village proche de la frontière russe est évacué avant d’être brûlé. Seul Timmo, le narrateur, un bûcheron un peu marginal, considéré comme simplet, refuse de partir. Il trouve refuge dans une des maisons épargnées jusqu’à l’arrivée des Russes qui l’emploient pour abattre des arbres. Alors que l’ennemi patauge et piétine, que le commandement se délite, le pragmatique Timmo prend en charge la petite troupe de bûcherons russes. Se chauffer, se reposer, se nourrir: la survie s’organise. S’enfuir, peut-être ?
L’écriture simple, fluide et factuelle, décrit fidèlement les gestes concrets, les discussions et confrontations, les réflexions de Timmo. Peu d’action : la narration de ce quotidien dans la rudesse de l’hiver finlandais entretient la tension dans l’incertitude du lendemain.Tout ce qui est sentiment humain est suggéré dans cet ouvrage subtil : les relations fluctuantes, la fraternité qui s’ébauche au sein du groupe, les interrogations sur l’avenir. L’auteur, dans ce premier roman traduit en français, montre admirablement que pour ces hommes, la survie l’emporte sur la nationalité ; Timmo, méprisé dans son village, est apprécié et reconnu par les Russes, qui seront, finalement, ses seuls vrais amis. De cette humanité à l’état brut, sans grands discours ni idéal, surgit une émotion certaine.