Igort a séjourné pendant deux ans en Ukraine pour recueillir des témoignages de la sombre période des années 1930, qui vit la mort par famine ou la déportation de millions d’ukrainiens. Au fil d’une dizaine d’entretiens avec les survivants, on plonge dans l’horreur. Le pouvoir est sans pitié. La lutte pour la vie pousse les gens à des actes désespérés et, lorsqu’il n’y a même plus de racines à manger, on en vient au cannibalisme ou à la nécrophagie. Certains témoins prolongent leurs récits jusqu’à l’époque contemporaine qui n’est pas très clémente pour les pauvres et les vieux.
Très noir et réaliste, le dessin, faiblement coloré de teintes tristes, s’harmonise avec des récits parfaitement insupportables, qui se lisent comme des témoins d’histoire, au même titre que, par exemple Nuit et brouillard d’Alain Resnais. Ils deviennent à ce titre tout aussi indispensables.