Un enfant dĂ©crit sa famille Ă partir du souvenir des disparitions successives de ses proches. La mort de chaque personnage devient le point de dĂ©part dâune Ă©vocation souvent chaleureuse et humaine de ce dernier. Le rĂ©cit dĂ©bute par le dĂ©cĂšs le plus rĂ©cent, celui du grand-pĂšre bougon et secret. Il remonte ensuite Ă celui de la tante bigote et vieille fille qui deviendra gĂąteuse Ă la mort du Papa, mais qui auparavant savait si bien Ă©voquer les souvenirs de la guerre de 14 et de ses frĂšres disparus dans les tranchĂ©esâŠ.  Lâadaptation du Goncourt de 1990, intĂ©ressante, manque dâespace pour que sa construction Ă reculons puisse ĂȘtre saisie sans difficultĂ© Ă travers les soixante-quatre pages de lâalbum. Comment reconnaĂźtre ces personnages quâon a vus morts au dĂ©but et qui reprennent vie par la suite ? La recherche graphique est originale, chaque case formant un petit tableau embrumĂ© Ă lâaquarelle, avec des tons majoritairement noirs ou sanglants. Le rĂ©sultat est un album peu ordinaire, mais dans lequel lâatmosphĂšre morbide nâest pas compensĂ©e par la truculence des personnages.
Les Champs d’honneur.
ROUAUD Jean, DEPREZ Denis