Les chaussures italiennes

Depuis qu’il a commis une erreur chirurgicale, douze ans auparavant, Fredrik vit seul sur une petite île au fin fond de l’archipel suédois. Lors de son bain glacé quotidien, il voit apparaître, accrochée à son déambulateur et trébuchant dans la neige, la femme qu’il avait aimée autrefois. Gravement malade, Harriet lui rappelle une ancienne promesse ; le narrateur entreprend alors un long voyage à rebours dans le temps, prenant peu à peu conscience de toutes ses trahisons.

Délaissant à nouveau la veine policière (Profondeurs, NB avril 2008), Henning Mankell offre ici un roman éblouissant. Sa plume sobre, dépouillée presque, s’accorde pleinement aux vastes espaces désertiques où l’on peut entendre la musique de la glace et le battement d’ailes des jaseurs boréaux. C’est dans des univers clos, une île, une ferme isolée, une caravane au milieu de la forêt, que des êtres meurtris cherchent à donner un sens à leur vie. Les rares dialogues sont denses : même les personnages secondaires comme le facteur hypocondriaque ou le cordonnier philosophe sont taciturnes. L’atmosphère n’est pourtant pas sombre, tant les personnages sont authentiques et attachants. Une oeuvre magistrale, qui témoigne de la maturité de l’auteur.