Les Chutes.

OATES Joyce Carol

« Dans le bouillonnement des chutes :drame, oubli, renouveau »

Ariah Ă©tait damnĂ©e, elle l’avait toujours su, et la vie allait lui donner raison. MariĂ©e puis veuve, mĂšre exigeante, Ă  la fois vulnĂ©rable et opiniĂątre, elle demeure dans la ville qui l’a vue humiliĂ©e par l’ostracisme dont a Ă©tĂ© victime son mari. Occultant radicalement le passĂ©, elle prive ses enfants de leur chagrin et de tout souvenir de leur pĂšre, inaugurant ainsi les ravages de leurs vies futures. Devenus adultes, ses deux fils et sa fille rĂšglent leurs comptes avec leur enfance, dĂ©couvrant une vĂ©ritĂ© qui lie leur histoire personnelle Ă  celle de leur citĂ©.

 

RythmĂ© par les eaux du Niagara et leur fascination morbide sur les protagonistes, le rĂ©cit s’amorce dans la lenteur de l’hĂ©bĂ©tude qui suit une disparition. Puis, au fil de la culpabilitĂ© et du fatalisme que vĂ©hicule son hĂ©roĂŻne, le dĂ©bit s’accĂ©lĂšre pour devenir tumultueux lorsque l’expansion industrielle rime avec corruption, dĂ©chets, toxicitĂ© et victimes, comme si la vie ne valait rien. L’auteure retrouve avec talent le thĂšme de la construction de l’individu psychologiquement malmenĂ©, dĂ©jĂ  abordĂ© dans Je vous emmĂšne (NB dĂ©cembre 2004). De cette histoire rythmĂ©e par l’oubli, Joyce Carol Oates tire un livre intense, romantique et mĂ©lancolique, subtilement dĂ©rangeant.

M.C. et C.V.