Quand Zoé entre dans son cabinet, Corinne, psychiatre, reconnaît une ancienne amie de jeunesse et, malgré la déontologie, elle la prend en analyse. Aux temps de leurs études, elles avaient été liées, formant, avec Agathe, un trio aux relations compliquées. Très déprimée, souffrant de périodes d’amnésie « médicamenteuse » depuis la mort de sa grand-mère et plus récemment de son père, Zoé enquête sur le passé très secret de sa famille, aux prises avec les défis du XXe siècle. Cette recherche salvatrice de la vérité amène aussi l’analyste à remettre en question les faux- semblants de sa vie. Le quatrième roman de Nathalie Bauer (Des garçons d’avenir, NB décembre 2011) est habilement construit. Le présent, professionnel et privé, de la narratrice et ses souvenirs de jeunesse alternent avec les écrits de l’analysante qui plongent dans l’histoire d’une famille juive durant la seconde guerre mondiale. Compromissions et mensonges pèsent sur ceux qui ont survécu à ce prix et aussi sur leurs « complices involontaires ». Les thèmes de la culpabilité et de la transgression sont évoqués avec justesse. Des personnages, vivants ou morts, aux contours imprécis, mais troublants, illuminent ce beau livre. (L.G. et M.Bo.)
Les complicités involontaires
BAUER Nathalie