En dix-neuf ans Marie-Thérèse d’Autriche a eu seize enfants ; trois sont morts en bas âge et les treize autres, dont Marie-Antoinette qui épousa Louis XVI, Marie-Caroline, duchesse de Naples ou la capricieuse Marie-Amélie, duchesse de Parme, ont eu chacun des caractères et des vies bien différentes. Cette femme sévère a utilisé ses enfants à des fins politiques et elle a souvent organisé leurs mariages pour consolider son pouvoir – tout en les aimant profondément et en suivant de près leur éducation. C’était rarement le cas dans les autres cours européennes.
Elisabeth Badinter (Le pouvoir au féminin, Les Notes novembre 2016), toujours intéressée par les femmes qui ont su allier leur destin d’épouse, de mère et de femme politique, a fait un travail considérable de recherche – d’où l’abondance de notes – pour donner un aperçu du caractère de chaque enfant et de l’attention constante de l’Impératrice malgré ses moments de dépression. Au travers de la correspondance retrouvée par l’auteure, elle continue à suivre ses enfants mariés aux quatre coins de l’Europe grâce à son réseau de conseillers représentés souvent par ses ambassadeurs. C’est un exemple de femme de pouvoir extraordinaire au XVIIIe siècle. Au gré d’une écriture fluide, un regard éclairé sur une personnalité hors normes. (M.-F.C.)